Nous venons d’entendre ces magnifiques versets de l’évangile de saint Jean. Ils nous introduisent dans le mystère de l’Eucharistie, Pain de Vie pour la route, et nous engagent à un cheminement de Foi afin d’accueillir ces paroles de la vie éternelle et de nous laisser transformer par elles. Oui, avec l’apôtre Pierre, j’ai envi de dire : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu ». Dans la foi qui nous donne de l’adorer en vérité, continuons notre contemplation de Jésus afin qu’il nous aide à vivre notre mission de témoin du ressuscité, cette mission qui est la notre en tant que baptisés, cette mission qui nous envoie vers ce monde. 

Demandons à Thérèse, patronne des missions à l’égal de saint François Xavier alors qu’elle n’a vécu que sur un hectare, oui demandons à Thérèse de nous aider à comprendre l’importance et l’urgence de l’adoration, de la contemplation, pour vivre en vérité la mission qui n’est pas la nôtre, mais celle du Christ et de l’Église. 

Au terme du Jubilé de l’an 2000, le Grand Pape Jean-Paul II a donné à l’Église une lettre apostolique qui a pour titre « A l’aube du Troisième millénaire », mais qui a pour thème ces mots de Jésus à Pierre : « Duc in altum… Avance au large », et pourquoi Pierre doit-il avancer au large : pour jeter les filets. Toute la dynamique de cette lettre apostolique est dans un premier temps de lever les yeux vers le Christ pour, dans un deuxième temps, repartir du Christ et cela en vivant dans l’Amour fraternelle qui construit la communion de l’Église. La mission, l’évangélisation s’accomplit comme une respiration du Christ et du fidèle du Christ. L’inspiration nous donne d’aller à Jésus et donne à Jésus de venir jusqu’à nous. L’expiration nous donne d’aller vers nos frères et donne à Jésus d’aller vers les hommes. Qui dit respiration, dit évidemment souffle. Et ce souffle c’est évidemment l’Esprit Saint. 

Cette respiration, nous la vivons d’une manière particulière dans l’adoration. En effet, Jésus l’a dit : « Lorsque j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ». Certes, en disant cela, le Seigneur annonçait déjà le mystère de la croix. Mais nous pouvons le voir également dans l’élévation à la Messe et dans cette démarche de l’adoration eucharistique. Aussi, dans l’adoration, nous pouvons nous laisser attirer par Jésus qui est là présent élevé de terre. Attirés par Lui, nous goutons à son Amour, nous sommes transformés par l’Amour, nous faisons l’expérience de la rencontre, j’ose dire, amoureuse avec le Seigneur Jésus. De cette contemplation découle le désir de mieux connaître le Seigneur pour mieux l’aimer et ainsi mieux le suivre. Dans sa grande poésie Vivre d’Amour, Thérèse le dit très fortement. Écoutons-la : 

« Vivre d'amour, c'est vivre de ta vie, 

Roi glorieux, délices des élus ! 

Tu vis pour moi caché dans une hostie... 

Je veux pour toi me cacher, ô Jésus ! 

A des amants il faut la solitude, 

Un coeur à coeur qui dure nuit et jour; 

Ton seul regard fait ma béatitude, 

Je vis d'amour! » 

Dans son encyclique Caritas in Veritate, le Pape Benoît XVI rappelle que cet Amour de Dieu est indissociable de l’Amour du prochain. En effet, tout Amour vrai jaillit du coeur de Dieu et nous pousse à aller vers nos frères. En d’autres termes, un temps d’adoration qui nous ouvre à l’Amour de Dieu et nous transfigure, doit nous conduire à aller vers nos frères dans une charité fraternelle authentique. C’est d’ailleurs, ce que vivront les disciples après la Transfiguration. « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie » (Mt 17, 4), dit saint Pierre. Mais Jésus les touche et les invite à redescendre dans la vallée afin d’accueillir la vie qui nous est donnée. Toujours dans sa poésie « Vivre d’Amour » et à la strophe suivante de celle déjà citée, Thérèse nous le dit avec force :

« Vivre d'amour, ce n'est pas sur la terre

Fixer sa tente au sommet du Thabor;

Avec Jésus, c'est gravir le Calvaire,

C'est regarder la croix comme un trésor !

Au ciel, je dois vivre de jouissance,

Alors l'épreuve aura fui sans retour

Mais, ici-bas, je veux dans la souffrance

Vivre d'amour ! »

La plus grande charité fraternelle que nous puissions faire, c’est de porter la Bonne Nouvelle du salut à ceux qui nous entourent. Comment ? Tout d’abord par un témoignage de vie cohérent avec notre attachement au Seigneur Jésus. Ce témoignage de vie, qui n’est pas toujours facile – il n’y a qu’à regarder au sein de nos familles et nos communautés paroissiales –, ne peut qu’interroger notre entourage. Ce témoignage de vie doit nous conduire à témoigner d’une manière explicite de notre foi au Christ Sauveur.

Ainsi, le double commandement de l’Amour, aimer Dieu et son prochain, nous montre le lien indissoluble entre l’Adoration et la Mission. Or ce double commandement de l’Amour est le coeur de la vie du fidèle du Christ. Il en découle donc que contemplation et mission est également au coeur de notre vie chrétienne.

Que Thérèse, patronne des missions, nous accompagne dans la

 Confiance et dans l’Amour afin d’être toujours plus fidèle à ce que nous sommes : des chrétiens appelés à la mission. « Si vous devenez ce que vous êtes, vous mettrez le feu au monde ! » a pu dire Jean-Paul II aux jeunes lors du Jubilé de l’an 2000. Aujourd’hui, c’est à nous que ces mots s’adressent. Accueillons-les d’une manière renouvelée afin que chacun, suivant son charisme, puisse être un acteur de la nouvelle évangélisation au coeur de l’Église, au coeur du monde.

Amen